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Définition du présentéisme au travail
Le présentéisme en entreprise est un « comportement du travailleur qui, malgré des problèmes de santé physique et/ou psychologique nécessitant de s’absenter, se présente au travail » (Gosselin et Lauzier, 2011).
Le présentéisme en France se généralise de plus en plus. En effet 28% des arrêts maladies n’ont pas, ou ont été partiellement, pris. Pourtant, 47% des collaborateurs regrettent de ne pas avoir respecté les arrêts maladies prescris par leur médecin (Étude Malakoff Humanis 2019).
Le présentéisme au travail, la partie immergée de l’iceberg
Ne pas prendre ses jours de maladie ou ses jours de congé, travailler les weekends… stimulés par l’auto-culpabilisation, les réactions moralisatrices de l’environnement de travail et l’effet de foule, les collaborateurs n’hésitent pas à sacrifier leur bien-être pour travailler (surprésentéisme). Cependant, le présentéisme au travail ne rime pas avec productivité, au contraire ses conséquences peuvent être néfastes aussi bien pour l’entreprise que pour le collaborateur :
- Augmentation des risques d’erreurs et d’accident de travail
- Dégradation de la qualité de vie au travail et du climat social
- Baisse de concentration
- Lenteur dans l’exécution des tâches
- Démotivation au travail
- Coût d’image et de marque employeur
Le présentéisme en entreprise ne reflète pas forcément un engagement des collaborateurs, mais un système et une culture d’organisation de travail défaillante. En effet, 25 % des collaborateurs admettent être restés au bureau uniquement pour être bien vu (présentéisme stratégique).
Le Karoshi, une sombre fin pour des loyaux services
Le Karoshi est un terme japonais qui signifie « mort par dépassement du travail ». La culture du surinvestissement professionnel et le surprésentéisme, (travailler malgré un mal-être psychologique ou physique), peut entraîner des conséquences parfois extrêmes. En 2017, le Japon a recensé 191 décès dus au Karoshi (suicides, crises cardiaques et accidents vasculaires cérébraux confondus).
La réalité française est loin de l’expérience japonaise, mais le Karoshi donne un bref aperçu sur l’impact « violent » que peut avoir le présentéisme au travail sur les personnes.
Les causes d’un mal auto-infligé
Les motifs du présentéisme au travail peuvent se rattacher à deux types de présentéisme, le présentéisme volontaire et le présentéisme involontaire.
Présentéisme involontaire : Il force le collaborateur à travailler alors que sa condition nécessite une absence. Il peut être dû à :
- Une situation économique précaire
- Une crainte de stigmatisation dans l’environnement professionnel
- Une impossibilité au collaborateur d’être remplacé
- Une peur de faire face à une surcharge de travail après le retour
Présentéisme volontaire : il découle directement d’une décision personnelle du collaborateur, peu importe son état de santé. Il peut être dû à :
- L’engagement des salariés envers le travail ou/et l’entreprise
- Le professionnalisme
- La quête de satisfaction personnelle dans l’accomplissement des tâches
- La perception du travail comme une issue pour s’évader des problèmes personnels
L’étude menée par Malakoff Médéric Humanis a révélé que la majorité des collaborateurs, soit 39% travaillent en dépit de leurs mauvaises conditions physiques et/ou psychologiques par détermination et par refus de « se laisser aller ». D’autres, 22%, des employés, sont forcés de travailler, car les journées non travaillées ne sont pas prises en charge et 22% ne veulent tout simplement pas déléguer leurs tâches.
Il est temps de démystifier le présentéisme qui est demeuré longtemps sous les projecteurs comme un signe d’engagement et un avantage pour l’employeur (heures supplémentaires non payées, des collaborateurs toujours présents, excès de zèle…). Sous l’hymne du professionnalisme et des valeurs vertueuses du travail, les entreprises ont permis à ce nouveau mal d’entrer par la grande porte et aujourd’hui, il tarde à tirer sa révérence…
Sources
Malakoff Humanis – Parlons RH –TF1 INFO – LIP Safari – Asys