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Début 2021, la société coopérative La collective a fait parler d’elle : elle est devenue la première entreprise française à proposer un congé menstruel !
Qu’est-ce qu’un « congé menstruel ?» Celui-ci permet aux femmes aux règles douloureuses de poser un jour de congé rémunéré par mois, sans certificat médical à l’appui, uniquement en « prévenant » l’employeur par email. Cela peut paraître surprenant, pourtant ce n’est pas nouveau dans d’autres pays. Au Japon et en Corée du Sud, par exemple, voilà plus d’un demi-siècle que les femmes peuvent profiter de ce type de congé.
Il faut noter que le congé menstruel fait débat en France et dans de nombreux pays. Selon une étude de l’institut de sondage IFOP, réalisée en mars 2021 auprès de 1.009 femmes âgées de 15 à 49 ans : 68% des Françaises seraient favorables à la création d’un congé menstruel, et même 78% chez les 15-19 ans.
On pourrait y voir une belle initiative, pourtant des voix se lèvent pour contrer ce projet qu’on traite de stigmatisant. Ceux qui sont contre estiment que cela peut constituer un frein supplémentaire à l’embauche des femmes. Alors ? Bonne ou mauvaise idée ?
Congé menstruel : pour… Le bien-être au travail des femmes !
On cite pour l’exemple l’entreprise de livraison de repas Zomato en inde, qui offre, depuis l’été 2020, dix jours de congé menstruel par an, à chaque collaboratrice.
Mais, il n’y a pas que les pays asiatiques qui proposent des initiatives, dans ce sens.
Un autre exemple : en Australie, Victorian Women’s Trust, organisation pour les droits des femmes, propose douze jours. D’autres entreprises ont trouvé des alternatives différentes et originales. Par exemple, le fonds de pension Future Super a instauré six jours par an avec diverses options : télétravailler, venir au bureau tout en bénéficiant d’un espace de repos, ou prendre un congé.
Par contre, pour ce qui est du congé menstruel, la France reste relativement mauvaise élève.
Ceux qui défendent cette idée estiment qu’il est important de sortir du tabou des « règles » et d’en parler librement. Une femme qui a mal est de toute façon moins efficace. Autant lui permettre cette possibilité.
Congé menstruel : contre… Cette nouvelle raison de les exclure !
Beaucoup de femmes voient, dans le congé menstruel, un argument supplémentaire pour les exclure. A titre d’exemple, le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi sur la création d’un congé menstruel. Pour bénéficier de trois jours de congé (cinq en cas de symptômes aigus), l’arrêt doit être signé par le médecin traitant. C’est donc davantage des femmes souffrant probablement d’endométriose et en apporter la preuve risque une discrimination envers ces femmes et un frein à leur carrière et à leur embauche.
Juste pour avoir une idée, si on suit le modèle espagnol, les femmes pourraient bénéficier de 50% de congés payés supplémentaires par rapport aux hommes, puisqu’elles auraient trois jours de congé supplémentaire par mois. On ne peut l’éviter mais cette situation risque d’augmenter la charge de travail des collègues. Embaucher des femmes devient contraignant.
Et il y a un autre problème se posant : une femme qui souffre de règles douloureuses souffre le plus souvent d’endométriose qui est généralement une maladie déjà suivie, nécessitant des arrêts maladie fréquents mais bénéficiant du secret médical. En d’autres termes, les causes de l’arrêt maladie ne sont pas divulguées. Par contre, en passant au congé menstruel, le secret médical est rompu.
Enfin, si d’un coup, une salariée qui avait l’habitude de prendre son congé menstruel ne le prend plus, on supposerait, malgré elle, qu’elle est enceinte alors que rien ne l’obligeait à annoncer sa grossesse.
Rendre le sujet des règles moins tabou
Il faut d’abord reconnaître que le sujet des règles est encore tabou. Donc avant d’instaurer un congé, il faut que les règles ne mettent plus mal à l’aise. L’idée serait alors de mettre en place une meilleure prise en charge des règles, comme par la mise en place de distributeurs de protections périodiques dans les toilettes.
Pour éviter toute discrimination, il faut instaurer la possibilité d’une dizaine de « jours de congés », un peu comme aux États-Unis, pour tous les collaborateurs, hommes et femmes, qu’on peut poser pour différentes raisons de santé comme une forte migraine ou des règles douloureuses.
Enfin, certaines associations féministes invitent plutôt à repenser le travail et à donner la possibilité à des horaires plus flexibles sans pour autant en mentionner la cause. Le télétravail devient alors une solution ainsi que des horaires aménagés où une femme ayant ses règles a davantage un objectif de performance et non de présence au bureau.