Table des matières
- Quel système de perception de la valeur le Lean peut-il proposer au middle management pour optimiser leurs pratiques d'engagement vers la performance ?
- Quels « smart tips » peut apporter le Lean dans une organisation performante ?
- Quels leviers le Lean propose-t-il pour favoriser les retours terrain, vecteur d'amélioration ?
1. « Ce qui se mesure s’améliore » selon l’auteur et conférencier Seth Godin. À ce titre, le baromètre Cornerstone et Féfaur sur la gestion des talents dans les entreprises françaises indiquait il y a quelques années que : « 55 % des entreprises interrogées estiment que leur politique de gestion des talents a permis d’augmenter l’engagement des collaborateurs, et de fait, la performance de leur entreprise ».
Quel système de perception de la valeur le Lean peut-il proposer au middle management pour optimiser leurs pratiques d’engagement vers la performance ?
Le rôle crucial du middle management
Le lean apporte beaucoup en matière « d’employee advocacy ». Pour que les collaborateurs se sentent engagés, il est nécessaire qu’ils aient la sensation que leur travail est utile et qu’il soit valorisé. C’est le rôle du middle management, des contremaîtres, maillons indispensables devant transmettre vision, objectifs chiffrés et faire monter les équipes en compétences. Mais c’est aussi un travail d’équipe. En cas de dérive, c’est elle toute entière qui doit réagir.
Du global à l’individuel, grâce à la technique du « kata »
Le « kata » permet d’aider à tracer un parcours professionnel au sein de l’organisation et au sein du chemin de l’équipe elle-même. Il permet aussi d’évaluer la contribution individuelle. Les étapes d’évaluation sont très courtes, à travers des feedbacks.
Cette technique de coaching se déroule en deux temps dont le 1er round consiste à définir les objectifs du collaborateur à moyen terme (4-6 semaines) à partir de sa situation actuelle ; et à court terme (1 semaine) avec sa participation au processus. Dans un 2ème temps, la même routine se répète cette fois-ci avec des feedbacks rapides et constructifs. L’opération se continue jusqu’à obtention du résultat final. Ensuite, il sera possible de se fixer d’autres objectifs. Ce rythme d’une semaine peut être considérer comme le « Takt time » du feedback. Les bénéfices sont bien plus appréciables qu’un entretien annuel par exemple. Dès lors se crée un engagement à l’action vis-à-vis de l’entreprise. Cette routine s’applique par ailleurs aux managers eux-mêmes.
Le management visuel de la performance pour doper la motivation et l’engagement
Motivation et engagement des équipes seront présents si la vision et les objectifs de l’entreprise sont clairs notamment envers le client. Ainsi, en production, des chiffres affichés à l’heure permettent à l’équipe de se situer par rapport à une courbe d’objectif, objectif défini pour une allure moyenne afin de pouvoir rattraper le retard éventuel en donnant un coup de collier. Fixer un objectif basé sur une vitesse idéale théorique provoquerait du « Muri » (surcharge) et ne permettrait jamais de récupérer le retard et de de livrer le client à l’heure.
Mais comment l’équipe va-t-elle atteindre le niveau désiré et comment celui-ci est-il défini ? En Lean, des objectifs négociés et non imposés faciliteront cela. En effet, le collaborateur est celui qui connaît théoriquement le mieux son métier et sera à même de s’engager sur des objectifs concertés. À cet égard, tout part de la description de poste avec laquelle le collaborateur doit bien sûr être aligné. S’il est en courbe d’apprentissage, les choses ne sont pas encore figées. Le management par la performance intervient au moment de la maîtrise des compétences.
2. Dans sa note de conjoncture publiée en décembre 2021, l’Insee prévoit que le taux de chômage va baisser de 0,1 point par trimestre jusqu’à fin juin 2022, pour atteindre 7,6 % de la population active. Son évolution est désormais très dépendante de celle de l’apprentissage. On connaît l’adage « Work smarter, not harder ».
Quels « smart tips » peut apporter le Lean dans une organisation performante ?
Smart Tip No. 1 : identifier les irritants
Cela passe par l’amélioration continue, notamment les « AIC » (Animations à Intervalles Courts) qui permettent d’avoir un feedback sur une journée de travail, ou toute autre périodicité selon les spécificités des services et des équipes. Cette « review » comprend par exemple les indicateurs de performance et tous les problèmes irritants rencontrés. Ceux-ci seront traités par ordre d’importance afin qu’ils ne réapparaissent plus. Le team leader devra savoir déléguer aux personnes compétentes en matière de résolution de problèmes.
Smart Tip No. 2 : Définir et faire évoluer des standards
Existe-t-il un standard défini par l’équipe comme point de départ ? Est-il respecté et managé par un team leader ? Ce standard doit évoluer et tout apprentissage se fera par rapport à celui-ci. Cette approche est ainsi applicable pour une prise de poste suite à un changement de ligne ou de département par exemple. Cependant, il ne suffit pas de tout codifier, il faut laisser aux collaborateurs la possibilité de gagner en autonomie par rapport à une cartographie de processus, avec des données d’entrée et de sortie, des marqueurs d’étapes, des indicateurs, des responsables et des acteurs.
3. Par peur du flicage, du jugement, la culture du feedback – très usitée dans les pays anglo-saxons – passe encore mal en France selon le blog Maddyness.
Quels leviers le Lean propose-t-il pour favoriser les retours terrain, vecteur d’amélioration ?
Détacher la notion de blâme et de jugement, c’est bon pour le moral !
Le lean est fondé sur une pédagogie de bon sens. Or trop souvent, le management à la française reste ancré dans une culture du blâme, alors que la méthode anglo-saxonne vise plus à encourager systématiquement l’effet « amazing » pour ne pas dire ouvertement les choses. Un juste milieu existe, notamment en identifiant et en encourageant les bons comportements sur le terrain afin qu’ils se multiplient et s’étendent. Un bon manager devra se montrer proactif pour les renforcer, tout en garantissant à la sécurité de l’équipe. Idéalement, des équipes limitées à 9 personnes permettent un suivi plus qualitatif de la performance.
Le bon usage du feedback à 360° au profit du management de la performance
Les organisations performantes se reposent sur des techniques « apprenantes » ainsi que la prise de conscience de l’apport des individus à l’organisation dans son ensemble, à travers les retours de pairs et de subordonnés directs. Le but : que chaque collaborateur de tout échelon hiérarchique puisse évaluer le niveau de soutien apporté directement – ou non – aux processus et aux personnes et s’ajuster en fonction.
Pascal CHALOYARD
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Master Black Belt Lean Six Sigma.
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Ingénieur INSA Génie Mécanique, 40 ans d’expérience industrielle.
– A dirigé un bureau d’études industrielles avant de déployer le Lean et le Six Sigma dans un grand groupe à l’échelle Européenne.
– Il coache les Black Belt et les Green Belts avec une expertise des outils d’amélioration continue notamment le Lean.